Moteur electrique pour retrofit : comment transformer votre voiture thermique en véhicule propre

Moteur electrique pour retrofit : comment transformer votre voiture thermique en véhicule propre

La première fois qu’on m’a parlé de rétrofit électrique, c’était au bord d’un parking de supermarché. Un gars ouvre le capot de sa vieille 205, et au lieu d’un petit bloc essence fatigué, je tombe sur… un moteur électrique tout propre, câbles orange bien rangés. Pas une goutte d’huile. J’ai mis 10 secondes à comprendre ce que je regardais.

Depuis, le rétrofit est en train de sortir du cercle des “geeks de la clé de 13” pour devenir une vraie option pour ceux qui veulent garder leur voiture tout en passant à l’électrique. Si vous avez une vieille thermique que vous aimez et que l’idée de la transformer en véhicule propre vous titille, cet article est pour vous.

Le rétrofit électrique, c’est quoi exactement ?

On entend beaucoup ce mot, mais il mérite une petite remise au point. Le rétrofit électrique, c’est le fait de transformer une voiture thermique (essence ou diesel) en voiture 100 % électrique en remplaçant :

  • le moteur thermique par un moteur électrique,
  • le réservoir par une batterie,
  • et une bonne partie de la chaîne de transmission par un système adapté.

En clair : on garde la caisse, le châssis, souvent la boîte (ou pas, selon les kits), les trains roulants, l’intérieur… et on change le cœur mécanique. Votre voiture passe alors d’un véhicule Crit’Air parfois pas très glorieux, à un véhicule zéro émission à l’échappement.

Ce n’est pas du bricolage de garage à l’arrache : en France, le rétrofit est désormais encadré par la loi, avec des kits homologués et des professionnels spécialisés. On est loin du “je colle une batterie de trottinette dans le coffre et on verra bien”.

Pourquoi transformer sa voiture thermique en électrique ?

La vraie question : pourquoi s’embêter, alors qu’on peut acheter une électrique neuve ? Plusieurs raisons peuvent rendre le rétrofit très séduisant.

1. Garder une voiture que vous aimez

Vous avez une Clio 2 increvable, une Twingo 1 de première main, ou une vieille 205 qui vous suit depuis le permis ? Les ZFE (zones à faibles émissions) commencent à vous fermer des portes ? Le rétrofit, c’est une façon de garder votre voiture préférée tout en la rendant compatible avec les nouvelles règles.

2. Réduire l’empreinte environnementale… vraiment

Fabriquer une voiture neuve, même électrique, consomme énormément de ressources. Avec le rétrofit, on réutilise :

  • la carrosserie,
  • le châssis,
  • les sièges, vitres, plastiques…

On évite donc une bonne partie de l’impact lié à la production d’un véhicule neuf. C’est une forme de recyclage XXL.

3. Échapper aux restrictions de circulation

Dans beaucoup de grandes villes, les véhicules Crit’Air 4, 5, et bientôt 3, vont être interdits. Une fois rétrofitée, votre voiture devient électrique sur la carte grise (énergie “EE”). Résultat :

  • vous pouvez circuler dans les ZFE,
  • vous payez souvent moins de stationnement,
  • et parfois même, vous profitez de quelques avantages locaux (parkings gratuits, etc.).

4. Réduire les coûts d’usage au quotidien

Avec un moteur électrique :

  • plus de vidange,
  • plus d’embrayage à changer,
  • beaucoup moins de pièces en mouvement, donc moins d’usure.

Et à l’usage, même avec la hausse du prix de l’électricité, rouler électrique reste souvent moins cher que rouler à l’essence ou au diesel, surtout en ville.

Est-ce que c’est légal en France ?

Oui, et heureusement. Depuis 2020, le rétrofit électrique est officiellement autorisé en France, sous certaines conditions. L’objectif est clair : éviter les bricolages dangereux et garantir que la voiture reste sûre.

Les grandes règles à respecter :

  • Le véhicule doit avoir plus de 5 ans (2 ans pour les utilitaires légers).
  • Le kit de rétrofit doit être homologué pour le modèle de véhicule concerné.
  • La puissance du moteur électrique ne doit pas dépasser plus de deux fois la puissance d’origine.
  • Le poids ne doit pas augmenter de plus de 20 %.

Une fois la transformation effectuée, le professionnel se charge de l’homologation, puis la carte grise est modifiée. Vous vous retrouvez avec une “nouvelle” voiture électrique, mais qui garde sa plaque d’immatriculation.

Côté assurance, il faudra évidemment prévenir votre assureur. La plupart commencent à s’y faire, surtout si le rétrofit a été fait par un installateur agréé avec un kit homologué. Attendez-vous quand même à un peu de pédagogie de votre côté, le marché est encore jeune.

Comment fonctionne un moteur électrique pour rétrofit ?

On garde l’idée simple : remplacer le moteur thermique par du 100 % électrique, tout en respectant l’architecture de la voiture d’origine. Mais concrètement, qu’est-ce qu’on change ?

Les principaux éléments installés :

  • Moteur électrique : généralement placé à l’emplacement de l’ancien moteur, parfois intégré à la transmission. Il offre un couple immédiat, ce qui rend la voiture souvent plus agréable en ville.
  • Batterie : installée à la place du réservoir, sous le plancher ou dans le coffre, selon les modèles. Sa capacité détermine l’autonomie.
  • Contrôleur / onduleur : c’est le “cerveau” qui gère l’alimentation du moteur.
  • BMS (Battery Management System) : gère la charge, la température, la sécurité de la batterie.
  • Prise de recharge : souvent au niveau de l’ancienne trappe à carburant, pour la symbolique.

Quid de la boîte de vitesses ?

Là, ça dépend des kits :

  • Certains conservent la boîte d’origine : on roule souvent en 2e ou 3e et on change peu de rapports.
  • D’autres suppriment la boîte pour installer un moteur avec réducteur intégré.

Dans tous les cas, le comportement reste très simple pour le conducteur : pas de démarrage en côte à gérer, pas de régime moteur… On appuie, ça part. Et ça surprend souvent, surtout sur une voiture qu’on a connue poussive en thermique.

Quelle autonomie peut-on espérer ?

C’est la grande question. Non, vous n’aurez pas 600 km d’autonomie avec une vieille Twingo rétrofitée, on va être honnête.

En pratique, la plupart des projets de rétrofit pour voitures particulières proposent :

  • entre 80 et 150 km d’autonomie réelle pour un usage urbain/péri-urbain,
  • jusqu’à 200 km sur certains modèles plus spacieux (et plus chers).

L’idée, ce n’est pas de transformer une citadine de 1998 en grande routière, mais d’en faire :

  • une voiture du quotidien,
  • un second véhicule pour les trajets du boulot,
  • ou une solution parfaite pour la ville et les petites routes.

Si votre usage, c’est 60 km par jour et une grosse recharge la nuit à la maison, le rétrofit peut coller parfaitement à votre réalité.

Quelles voitures sont adaptées au rétrofit ?

Techniquement, beaucoup de modèles peuvent être rétrofités, mais en pratique, les installateurs se concentrent sur les véhicules où la demande est suffisante et la transformation rentable.

Les profils de voitures souvent intéressants :

  • Petites citadines : Twingo, Clio, 205, Saxo, 106, etc.
  • Véhicules utilitaires légers : Kangoo, Partner, Berlingo… très recherchés par les pros.
  • Voitures “coup de cœur” : anciennes, youngtimers, véhicules de collection (là, le budget peut grimper).

Le plus simple reste de vérifier directement sur le site des entreprises de rétrofit : elles listent souvent les modèles déjà homologués ou en cours d’homologation.

Et si votre modèle n’y est pas ? Ce n’est pas forcément impossible, mais ça risque d’être plus long, plus cher, et parfois pas réaliste économiquement.

Combien ça coûte de rétrofiter sa voiture ?

On ne va pas se mentir : ce n’est pas donné. Mais il faut comparer ce qui est comparable.

Les ordres de prix constatés aujourd’hui :

  • Petites citadines : souvent entre 10 000 et 15 000 € TTC.
  • Utilitaires : plutôt 15 000 à 25 000 €.
  • Véhicules de collection / projets sur-mesure : très variable, et ça peut grimper bien plus haut.

Cela inclut généralement :

  • le kit moteur + batterie,
  • la main-d’œuvre,
  • les démarches administratives et d’homologation.

Les aides financières possibles (à vérifier selon les évolutions réglementaires) :

  • Bonus rétrofit : une aide nationale pour la transformation en électrique (sous conditions).
  • Aides des régions ou collectivités : certaines proposent des aides supplémentaires pour les particuliers ou les pros.
  • Déductions pour les entreprises : selon le statut et l’usage.

Là où ça devient intéressant, c’est si :

  • votre voiture est en bon état général,
  • vous comptez la garder plusieurs années,
  • et vous roulez régulièrement en ville ou péri-urbain.

Face à l’achat d’un véhicule électrique neuf à 25 000 ou 30 000 €, le rétrofit peut être une alternative crédible, surtout si vous tenez à votre voiture actuelle.

Les grandes étapes d’un projet de rétrofit

Transformer sa voiture, ce n’est pas comme changer ses plaquettes de frein. Il faut y aller par étapes et avec les bonnes personnes.

1. Faire un diagnostic de votre voiture

Avant tout, il faut vérifier que votre voiture est un bon candidat :

  • châssis sain (pas de corrosion avancée),
  • freinage en bon état ou révisable,
  • direction, suspensions, structure OK.

Le rétrofit ne rattrapera pas une voiture à l’agonie. Si votre caisse est fatiguée, mieux vaut envisager un autre modèle.

2. Choisir un professionnel reconnu

C’est le nerf de la guerre. Préférez :

  • une entreprise spécialisée dans le rétrofit,
  • qui propose un kit homologué pour votre modèle,
  • avec des références, avis clients, et une transparence sur les prestations.

Posez des questions : autonomie réelle, délai, services inclus, garanties sur la batterie et le moteur, etc.

3. L’installation

Le professionnel :

  • dépose le moteur thermique, l’échappement, le réservoir,
  • installe le moteur électrique, la batterie, les faisceaux,
  • intègre la gestion électronique et la prise de charge,
  • adapte éventuellement le système de freinage (régénératif) et l’affichage (niveau de charge, etc.).

Comptez généralement plusieurs semaines entre le dépôt du véhicule et la restitution.

4. Homologation et nouvelle carte grise

Une fois la transformation terminée, le véhicule doit passer par une procédure d’homologation. Le professionnel s’en charge le plus souvent. À la fin :

  • votre carte grise est modifiée avec la nouvelle énergie “EE” (électrique),
  • vous êtes officiellement propriétaire d’une voiture électrique.

Rétrofit ou voiture électrique neuve : comment choisir ?

Tout le monde ne sera pas gagnant avec un rétrofit, autant être clair.

Le rétrofit est pertinent si :

  • vous avez une voiture que vous aimez et en bon état,
  • vous faites surtout des trajets courts ou moyens,
  • vous voulez limiter l’impact écologique lié à un achat neuf,
  • vous vivez ou travaillez dans une future (ou actuelle) ZFE.

La voiture électrique neuve (ou récente) est plus logique si :

  • vous avez besoin de 300+ km d’autonomie régulière,
  • vous voulez les dernières aides à la conduite, les écrans, les options modernes,
  • votre voiture actuelle est trop vieille, trop abîmée, ou peu adaptée.

En résumé, le rétrofit, c’est un peu comme rénover une belle maison plutôt que de tout raser pour reconstruire : si la base est bonne, ça peut être un très bon plan.

Au quotidien : rouler avec une voiture rétrofitée

Sur la route, une voiture rétrofitée reste… votre voiture. Même volant, même siège, même visibilité, même coffre. Sauf que :

  • elle est silencieuse,
  • elle repart fort à basse vitesse (merci le couple électrique),
  • elle ne sent plus l’essence ni le gasoil.

Côté entretien, ça se simplifie :

  • fini vidange, filtres à huile, courroies de distribution,
  • reste le classique : freins, pneus, amortisseurs, trains roulants,
  • et quelques contrôles électriques spécifiques (batterie, câbles, connecteurs).

Vous devrez évidemment vous équiper pour la recharge :

  • prise renforcée ou borne à domicile,
  • carte de recharge si vous comptez utiliser les bornes publiques.

La philosophie de roulage change un peu : on apprend à gérer son autonomie, à profiter du frein moteur régénératif, à anticiper ses recharges. Mais pour une utilisation urbaine et péri-urbaine, ça devient très vite naturel.

Transformer sa thermique en électrique : pour qui, pour quoi ?

Le rétrofit n’est pas une mode gadget, c’est une vraie piste pour :

  • ceux qui tiennent à leur voiture actuelle mais veulent passer à l’électrique,
  • les urbains qui voient les ZFE se rapprocher,
  • les pros qui veulent électrifier leur flotte sans tout renouveler,
  • les passionnés qui rêvent d’une ancienne zéro émission.

Est-ce que c’est pour tout le monde ? Non. Est-ce que ça va remplacer l’achat d’électriques neuves ? Non plus. Mais c’est une brique de plus dans la transition, et pour certains profils, une brique très intelligente.

Si vous regardez votre vieille voiture sur le parking en vous disant “On a encore des choses à vivre ensemble”, alors peut-être que le prochain chapitre se fera en silence… moteur électrique sous le capot.